Il est des moments dans la vie où tout bascule. Il est des ponts suspendus dans le vide qu’on ne peut traverser sans donner la main à quelqu’un pour atteindre l’autre rive. Au plein cœur de ma tempête émotionnelle, de mon tsunami affectif, Marie m’a tendu cette main – forte, chaleureuse, douce – sans jamais la retirer.
J’ai 42 ans. Cet âge marque le milieu de ma vie peut-être, le début de ma liberté, sans aucun doute. M’affranchir radicalement de toute forme d’amour toxique, tel fut mon combat ces six derniers mois. Dire non,une bonne fois pour toutes au « mal-amour » : celui d’une mère d’abord, puis celui d’un homme. Ces deux batailles, j’ai dû les mener de front, et plus d’une fois j’ai voulu renoncer. Que de doutes, de désarrois, de souffrances psychiques et physiques m’ont-elles causées! Des nuits sans sommeil, des matins baignés de larmes et de vomissements, des journées à errer sans but… Comment résister seule à l’assaut de la douleur ?
Croyez-vous aux anges gardiens? A présent, moi oui.
Je connaissais Marie, sans la connaître vraiment…J’’appréciais déjà cependant sa bonne humeur constante, son énergie communicative, sa force d’action en toute circonstance, son aptitude inégalable à la joie ! Notre première vraie rencontre eut lieu un soir dans un camion qu’elle conduisait, évidemment ! C’était après la représentation d’une pièce dans laquelle je venais de jouer au sein d’une compagnie de théâtre dont elle est Présidente, évidemment ! Ce soir là, j’étais si triste déjà : mon compagnon, homme de peu d’engagement mais amoureux, disait-il, me faisait languir depuis quelque temps déjà. Malgré tout mon amour, j’avais décidé d’être ferme et de ne pas lâcher ma demande légitime d’être respectée dans mes attentes. Poser un tel acte, c’était prendre le risque de le perdre. Le doute m’assaillait un peu plus chaque jour. Ce soir là, sans qu’ill y ait eu au préalable de confidences de ma part, Marie me combla par sa gentillesse et ses égards pour moi. Avait-elle senti dans quel état de fragilité je me trouvais ? Quoi qu’il en soit, ses paroles bienveillantes, si spontanées et généreuses, ont apaisé l’inquiétude qui me paralysait. Elle ne savait rien encore de mon histoire et pourtant me donnait déjà sans le savoir la force de poursuivre la route que j’avais empruntée. Je venais de rencontrer Marie, mon ange gardien.
Des amis, je n’en manque pas. Leur présence, sincère mais ponctuelle m’a été salutaire plus d’une fois durant cette période transitoire. Mais l’épreuve fait peur, la souffrance dérange, fait écho à la sienne propre. Peu à peu l’ami s’épuise, s’impatiente, se protège. Comment lui en vouloir d’ailleurs ? Aurais-je réagi autrement ? L’amitié de Marie a fait fi de toutes ces réticences si compréhensibles. Ce qu’elle m’a apporté n’a pas de prix : un accompagnement constant sur la durée.
Avec une fidélité sans faille, une objectivité surprenante et une grande clairvoyance, elle m’a écoutée, encouragée, relevée de mes chutes fréquentes. Elle a accueilli ma tristesse sans jugement, respecté mon rythme, salué mes avancées.
Dans un premier temps elle a respecté mes sentiments amoureux, m’a soutenue dans les démarches que j’ai entreprises au moment où je croyais encore pouvoir sauver cette relation qui comptait tant pour moi. Jamais elle n’a imposé son propre jugement, jamais elle n’a projeté ses propres sentiments sur ce que je lui révélais de mes mouvements intérieurs. Mais quand elle a constaté que je découvrais douloureusement à quel point je m’étais leurrée sur l’homme que j’avais en face de moi, elle a eu l’intelligence et la délicatesse de m’aider à prendre le virage qui m’a été salutaire.
Je me suis souvent interrogée sur les raisons d’une telle qualité d’accompagnement : sans doute une grande expérience de la vie avec tout ce qu’elle comporte de désillusions douloureuses mais fructueuses, une soif de liberté, et la conscience du prix à payer pour l’acquérir, mais aussi une sensibilité aiguë, une solidité psychique incontestable, un altruisme rare et un optimisme à toute épreuve.
Mais plus que tout, Marie m’a offert le plus précieux des présents. Elle m’a permis de donner un sens à tant d’épreuves, m’a fait comprendre que ce que j’avais traversé n’avait pas été inutile, au contraire : en renonçant au « mal amour » je m’accorde enfin le droit de vivre un jour prochain un amour sain, authentique, respectueux et joyeux !
Merci Marie.
Claire G.